Super League, super flop et les super pouvoirs des fans

Un phénomène dont on parle beaucoup à l’agence et avec nos clients quand on recherche à expliquer l’impact du Digital dans nos sociétés est le fait que les marques, les annonceurs, les marketeers ont perdu le pouvoir de dicter la discussion et la relation qu’ils/elles entretiennent avec leurs consommateurs. 

Ces consommateurs, ces clients, ces fans sont de mieux en mieux informés, et leurs attentes vis-à-vis des marques ont évoluée: ils souhaitent être entendus et partcipent activement à la construction des marques, des artistes et des groupes qu’ils suivent, soutiennent et supportent. 

Ce qui, au vu des évènements des 4-5 derniers jours, a complètement échappé aux dirigeants des plus grands clubs de foot européens.

 

La Super League – un modèle qui va à l’encontre de ce qu’est le football

J’avais 8 ans en mai 1992. Mon père m’avait donné la permission de me coucher tard, vu l’importance de l’évènement. Malgré tout, le petit moi n’a pas résisté au sommeil. Mais je me souviendrai toute ma vie du visage de mon père, me tirant du lit pour me dire: “Ils ont marqué! Le Barca a marqué!”. 

J’ai tout de suite été accro à la sensation qui s’en est suivie, cette boule qui vous prend aux tripes… J’ai cette chance d’avoir assisté à toutes les victoires du Barca en Coupe d’Europe des Champions (1992) ou Champion’s League (les autres). Et je me souviens avec précision de où j’étais assis, dans quelle position, avec qui, du déroulé de chaque match, des minutes de chaque but et de mes réactions. 

Une sensation que mon club, imbriqué dans un projet mort-né au sein de ce qui s’apparente à un Cartel (dans ma tête, la réunion ressemblait à ça), a voulu m’enlever, dans la nuit de dimanche à lundi. 

Car ce qui a provoqué la révolte des amoureux du foot par rapport au projet de Super League n’est pas tant l’idée de voir les plus forts se rencontrer. Mais bien le fait de décider, de manière arbitraire, qui sont les plus forts. Or, le Cartel dont je parlais plus haut a touché là à un fondement essentiel du foot, sport populaire par excellence où l’ascenseur social fonctionne à plein pot et qui, année après année, nous a démontré que, sur un match, David pouvait effectivement battre Goliath. 

 

Le Bayern Munich – un modèle de “customer centricity” 

Comme de nombreux secteurs d’activité, le football a été confronté aux effets positifs et négatifs de la mondialisation. En quelques années/décennies, des pays se sont éveillés à ce sport, se sont pris de passion pour des clubs distants de dizaines de milliers de kilomètres, faisant du foot le sport le plus bankable au monde.

Un mouvement accéléré par (la revoilà) la Digitalisation de notre société – là où, fin 90-début 2000, trouver un téléviseur pour regarder Barca-Real en direct n’était pas toujours évident, aujourd’hui, n’importe qui disposant d’une connection internet est abreuvé minute par minute de highlights, de messages de joueurs, de #ThrowbackThursdays et peut bien évidemment suivre en direct les matchs de son équipe préférée.

Tout cela contribuant à renflouer les caisses, entraînant le sport dans une folle course en avant, et coupant petit à petit les grands clubs de leur base de supporter, dans une vision parfois très cynique de ce que doit être ce sport. 

Mais, dans le marasme provoqué par cette proposition de Super League probablement mort-née (je vous renvoie ici pour les dernières nouvelles), il est intéressant de noter qu’un grand, un géant du foot européen avait décidé en amont de ne pas rejoindre le Cartel: le Bayern Munich.

Un club qui a construit sa stratégie et sa vision autour de ses fans. Organisant, tout au long de l’année, des rencontres informelles entre ses plus hauts dirigeants et ses groupes de supporters. Et qui, malgré la mondialisation et l’arrivée massive d’investisseurs privés dans le foot, est resté fidèle à une règle de fonctionnement interne, dite du “50+1”, qui donne une voix de blocage au sein du conseil d’administration du club à ses fans. 

Mon petit doigt me dit que cette idée de Super League a certainement dû être abordée dans l’une de ces rencontres supporters-dirigeants, et que les dirigeants munichois n’ont pas trop aimé ce qu’ils ont entendu

Bravo à eux. Des mots qui, venant de la part d’un inconditionnel du Barca comme moi, ne sont pas à prendre à la légère. Mais aussi bravo au Barca (évidemment) qui aurait, apparemment, prévu dans son contrat le liant à la Super League une clause qui soumettait la participation à cette ligue au vote de ses socios.

L’honneur est sauf 🙇‍♂️

 

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